Cet article a été rédigé par Jean-Pierre Bernier
Aurora, Ontario
Mardi le 1 septembre 1615 dans les Pays d’en Haut, Samuel de Champlain accompagné d’une douzaine de soldats français (dont on ignore les noms) et de plus de 500 guerriers autochtones quittent Cahiagué sur les bords du lac Taronto (aujourd’hui Simcoe) vers le pays des Iroquois sur la rive sud du lac Ontario. Après avoir navigué lacs et rivières en zones inhabitées par crainte de belligérance, l’expédition militaire parvient à la baie de Quinté, près de Kingston, Ontario. Puis, la flottille de canots traverse le lac Ontario, faisant une courte halte à Pointe Traverse dans l’actuel comté du Prince Edward, pour se rendre à l’embouchure de la rivière Oneida sur la rive sud. Après quatre jours de marche, Champlain et son armée atteignent le grand village fortifié d’Onondaga le 10 octobre 1615. À cette époque c’était la capitale de la Confédération iroquoise et le chef-lieu de la Première Nation des Onondagas. Aujourd’hui son emplacement se situe sur le territoire de la ville de Pompey (photo libre de droits), près de Syracuse, New York. Champlain décrit le territoire comme « un pays fort agréable et beau, traversé de plusieurs petits ruisseaux ».
Blessé à la jambe par deux flèches au cours des affrontements, Champlain retourne alors avec ses troupes au pays des Hurons-Wendats (la Huronie, à quelque 142 km au nord de Toronto) par la même voie d’eau qui relie le lac Ontario au lac Huron. La rivière Otonabee, signifiant « qui bat comme un coeur » en langue ojibwé, fait partie intégrante de cette voie d’eau appelée de nos jours Trent-Severn. À Peterborough, elle coule avec enjouement devant le campus de l’Université Trent. Il est fort probable que l’expédition de Champlain de 1615 y ait campé avec une certaine gaieté lors de son aller-retour au pays des Iroquois.
Le Collège Champlain à Peterborough, nommé d’après le Père de la Nouvelle-France pour commémorer ses voyages le long de la rivière Otonabee et à travers les lacs Kawartha, est la plus ancienne institution du campus universitaire. Ses relations à la francophonie d’Amérique sont nombreuses et variées. Par ailleurs ses armoiries sont fleurdelisées et sa devise, en français uniquement, affiche « Continuer mes découvertes ». Elle est extraite du journal de Champlain.
En peu de temps après sa fondation en 1965, les étudiants du collège adoptèrent le carnaval d’hiver Ordre de Bon Temps – que Champlain avait instauré durant l’hiver 1606-1607 dans la colonie naissante de Port-Royal (actuelle Annapolis Royal en Nouvelle-Écosse). Cette cérémonie festive avait pour objectif principal de remonter le moral de ses concitoyens pendant la saison la plus froide. L’événement de trois jours se poursuit à l’Université Trent à ce jour pour la même raison. Sachez que l’Ordre de Bon Temps est considéré comme le tout premier ordre de chevalerie et, plus communément, comme le plus ancien « club social » institué en Amérique du Nord.
Dans le même ordre d’idées, un magnifique buste en bronze de Champlain sur l’escalier menant au Grand Hall du collège (œuvre de l’éminent sculpteur Jérémie Giles) rend hommage depuis 2004 à un personnage plus grand que nature. En fondant une colonie permanente à Québec le 3 juillet 1608 Champlain, un enfant de Brouage, a déclenché l’expansion de la France au Nouveau Monde.
Au cours des années 1970, les départements d’anthropologie et d’études autochtones de l’Université Trent ont été associés à des recherches archéologiques en Huronie. Les professeurs et les étudiants y ont mené des recherches. C’est la conviction de l’université qu’une meilleure connaissance, compréhension et respect du patrimoine autochtone est une condition essentielle pour une meilleure connaissance et compréhension du Canada, un sentiment auquel Champlain aurait sûrement fait écho.
Pour marcher dans les pas de Champlain quoi de mieux que la Route touristique Champlain de l’Ontario, car il y a tant à découvrir!
Le ravissant Pays des Neutres dans la vallée de La Tranche à l’ouest du lac Ontario fera l’objet du prochain clin d’oeil historique. Malgré que Champlain n’ai pas eu l’occasion de la découvrir en 1616 faute de temps, il l’a néanmoins noté sur sa carte de la Nouvelle-France de 1632 au meilleur des connaissances que lui ont transmis ses alliés autochtones.
JP
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Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre Bernier
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