CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR JEAN-PIERRE BERNIER

Aurora, Ontario

NOS ANCÊTRES ONT BÂTI L’AMÉRIQUE UN FORT À LA FOIS – LEUR MONDE ANCIEN N’A PAS ÉTÉ UN DÉVELOPPEMENT DURABLE MAIS UN HÉRITAGE GRANDIOSE RÉPARTISSANT DE NOS JOURS RICHESSE ET FIERTÉ PATRIMONIALE

La carte ci-dessous de la Nouvelle-France (auteur inconnu) indique qu’elle ne contient qu’une soixantaine de forts français alors que le territoire (espace bleu pâle) en comptait plus de 150. Y en avait-il davantage ? Dans son rapport détaillé de 1930 des forts et des postes de traite historiques du régime français et des sociétés britanniques de commerce des fourrures (cliquez sur ce lien, en anglais uniquement), Ernest Voorhis du ministère des affaires intérieures du Canada répond dans l’affirmative à la question posée par un dénombrement exhaustif. En outre, dans la transmission du relevé à A.S. Morton, professeur d’histoire à l’Université de Saskatchewan, le directeur du Service d’intelligence en ressources naturelles au ministère souligne que plus de 600 forts et postes de traite ont été répertoriés ensemble avec la panoplie des forts français. Il importe hautement ici de savoir qu’après la cession du Canada à la Grande Bretagne par le France en 1763 le français reste la langue parlée du commerce des fourrures en Amérique du Nord jusqu’au déclin de l’industrie vers 1870 environ.

Carte de la Nouvelle-France (auteur inconnu)
Beaucoup d’anciens forts et postes français (espaces bleus) sont devenus des grandes villes, plus précisément, au Canada 🇨🇦 Fort La Tour devenu ➡️ SAINT-JEAN (Nouveau-Brunswick), Fort Maisonneuve ➡️ MONTRÉAL (Québec), Fort Rouillé ➡️ TORONTO (Ontario), Fort Rouge ➡️ WINNIPEG (Manitoba), Fort La Jonquière ➡️ CALGARY (Alberta), et aux États-Unis 🇺🇸 Fort Chicagou ➡️ CHICAGO (Illinois), Fort Condé ➡️ MOBILE (Alabama), Fort Duquesne ➡️ PITTSBURGH (Pennsylvanie), Fort de l’Assomption ➡️ MEMPHIS (Tennessee), Fort Pontchartrain du Détroit ➡️ DÉTROIT (Michigan), Fort Miami ➡️ FORT WAYNE (Indiana), Fort la Baye des Puans ➡️ GREEN BAY (Wisconsin), Fort Saint-Jean ➡️ NOUVELLE-ORLÉANS (Louisiane), Fort Cavagnial ➡️ KANSAS CITY (Missouri), Fort du Portage ➡️ NIAGARA FALLS (New York), Fort Caroline ➡️ TAMPA BAY (Floride), et Fort Maurepas ➡️ BILOXI (Mississippi) sur le golfe du Mexique. De plus, plusieurs postes de traite français ont été construits sur les bords du lac Pépin à partir de 1686 près des villes jumelées de Minneapolis / Saint-Paul (Minnesota), notamment les forts Beauharnois et Sainte-Antoine.
Au Québec, il semble plutôt évident que sept forts érigés dans les années 1600 restent encore un secret d’histoire. Il s’agit des forts Métabetchouan (1652) sur les rives du Lac Saint-Jean, Bic (1670) à l’embouchure de la rivière du Bic, Rivière du Loup (1670) le long de la rivière du même nom, Cuillerier (1676) à LaSalle, le fort de l’île du Havre (1679) dans l’archipel de Mingan, La Gabelle (1685) près de Pointe-du-Lac sur le lac Saint-Pierre, et du fort de l’île Anticosti, « Fort Jolliet » dans le golfe du Saint-Laurent.
Après la conquête, multiples nouveaux forts et postes de traite ont été bâtis dans l’Ouest canadien au cours du 18ème siècle avec un nom français, par exemple, au MANITOBA les forts Des Trembles (1767), Des Pinettes (1785), Montagne à la Bosse (1790) et Bas-de-la-Rivière (1792), en SASKATCHEWAN les postes Île-à-la-Crosse (1776), Montagne de l’Aigle (1778), Lac La Loche (1780) et Fort Espérance (1785), puis en ALBERTA les postes de Charles Boyer (1788) et Grand Marais (1798) ainsi que les forts Sanspareil (1795), et Vermilion (1798) aussi appelé Fort des Prairies.
Dans ce monde ancien qu’on appelait à l’époque le « Nouveau Monde », les Premières Nations ont été confrontés à des réalités dont la plupart leur était étrangère : innovations technologiques (pièges et fusils, embarcations), techniques (préparation des peaux), vestimentaires (tissus), mercantiles (avances et crédits, valeurs d’échange), alimentaires et autres (farine, sucre, thé, tabac, et alcool).
Le commerce des fourrures a engendré une concurrence féroce affichant une rivalité intense et parfois une agressivité sauvage d’où la nécessité d’une fortification militaire des comptoirs, ou magasins du roi dans certains cas, comme Fort Frontenac ➡️ KINGSTON au fond du lac Ontario, entre beaucoup d’autres modèles. Souvenons-nous des « Guerres du Castor » ou franco-iroquoises, dont le massacre de Lachine en août 1689, et de la guerre de la Conquête, dont la capitulation de Montréal en septembre 1760.
JP
Avec l’aimable autorisation de Jean-Pierre Bernier

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